vendredi 2 octobre 2009

François Simon nous présente - LORENZO DE’MEDICI (in Canti Carnascialeschi ) : IL TRIONFO DI BACCO E ARIANNA

Tiziano


0+0+0+0+0+0+0


IL TRIONFO DI BACCO E ARIANNA


Quant’é bella giovinezza,
Che si fugge tuttavia ! (1)
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’é certezza.

Quest’é Bacco e Arianna,
Belli, e l’un dell’altro ardenti (2)
Perché ‘l tempo fugge e ‘nganna, (3)
Sempre insieme stan contenti.
Queste ninfe (4) e altre genti
Sono allegre tuttavia.
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’è certezza.

Questi lieti Satiretti
Delle ninfe innamorati,
Per caverne e boschetti
Han lor posto cento aguati :
Or da Bacco riscaldati
Ballan, saltan tuttavia :
Chi vuol esser lieto, sia
Di doman non c’è certezza.

Queste ninfe hanno anco caro (5)
Da loro essere ingannate ;
Non puon fare a Amor riparo,
Se non genti rozze e ‘ngrate :
Ora insieme mescolate
Fanno festa tuttavia.
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’è certezza.

Questa soma (6) che vien dreto
Sopra l’Asino è Sileno ;
Cosi’ vecchio è ebbro e lieto,
Già di carne e d’anni pieno.
Se non puo’ star ritto, almeno
Ride e gode tuttavia.
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’è certezza.

Mida vien dopo costoro,
Cio’ che tocca oro diventa ;
A che giova aver tesoro,
S’altri poi non si contenta ? (7)
Che dolcezza vuoi che senta
Chi ha sete tuttavia ?
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’è certezza.


Ciascun apra ben gli orecchi,
Di doman nessun si paschi ; (8)
Oggi siam giovani e vecchi,
Lieti ognun femmine e maschi :
Ogni tristo pensier caschi :
Facciam festa tuttavia :
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman non c’è certezza.


Donne e giovanetti amanti,
Viva Bacco e viva Amore ;
Ciascun suoni balli e canti,
Arda di dolcezza il core ;
Non fatica, non dolore ;
Quel ch’ha esser , convien sia.
Chi vuol esser lieto , sia :
Di doman non c’è certezza.
Quant’è bella giovinezza
Che si fugge tuttavia !


LORENZO DE’MEDICI : Canti Carnascialeschi

(1) : ancora - (2) farsi d’amore - (3) = inganna, tradisce - (4) = le Baccanti - (5) = hanno piacere - (6) = questo peso, come un carico di merce - (7) = se non ci si accontenta - (8) = nessuno si nutri di speranza del domani.


Caracci

0+0+0+0+0+0+0


Ces vers, sans doute les plus célèbres du Prince-poète et Prince des poètes, constituent pour beaucoup l’hymne de la Renaissance.
On peut laisser ici en suspens les commentaires sur le Laurent politique, encore que son sens de la fête pouvait se retrouver dans sa pratique de «communicant » (comme on dirait aujourd’hui) avec le peuple florentin, et que vers l’extérieur sa politique était étroitement liée à son objectif de valorisation de la culture florentine. Sa personnalité à multiples facettes transparaît aussi dans sa production poétique : ses œuvres ne sont pas l’expression harmonieuse d’une solide et unique inspiration, mais un mélange confus de vivacité populaire, d’aristocratique raffinement, d’élans mystiques, d’incrédulité religieuse, de positions épicuriennes, de sentimentalisme, de moralité et de sensualité. Toutefois, mieux que tous ses contemporains, il est capable de transcrire en termes idylliques les images de la réalité, avec une précision qui rappelle les peintres de cette époque lumineuse.

Ecrite sans doute pour le carnaval de 1490, intitulée Canzone di Bacco, cette composition est une « canzone a ballo » qui décrit un cortège dont le thème est consacré à une bacchanale. Ses sources peuvent se trouver dans l’ Ars amatoria d’Ovide, mais aussi chez Euripide, et plus proche, dans certains aspects du Dolce Stil Nuovo : ainsi « Non puo’ fare a Amor riparo, se non gente rozze e ingrate… » rappelle les vers de Dante : « Amor ch ‘a nullo amato amar perdona.. » (D.C., Inf. V, 103). Mais aussi Pétrarque, surtout dans son Comento sopra alcuni de’ suoi sonetti. Que dire aussi de l’influence des intellectuels dont le Magnifique s’était entouré ?
Leon Battista Alberti, Matteo Palmieri, Cristoforo Landino, Luigi Pulci, Girolamo Savonarola, Marsilo Ficino, Pico della Mirandola, Poliziano… forment la garde rapprochée de Laurent, qui souvent, après une journée de délicate gouvernance (« l’aiguille de la balance », à la recherche de l’équilibre entre factions), et d’une soirée de fête débridée, terminait sa nuit en débats avec ses amis philosophes. Parmi les grands thèmes abordés, l’amour, selon la doctrine néo-platonicienne, et en particulier celle de Marsile Ficin La loi morale est distinguée de la loi naturelle. Non qu’un nouveau paganisme détachât de Dieu l’homme de la Renaissance. C’était une tentative de surmonter le dualisme qui au Moyen Age opposait vie chrétienne et vie naturelle. La matière s’harmonise avec l’esprit, le monde est considéré sereinement comme une création divine, et l’on doit jouir de ses dons. Léonard de Vinci affirmait : « Celui qui n’estime pas la vie ne la mérite pas ». Le monde païen, loin d’être un risque de dérive, valorise ce fondement commun à l’Antiquité et au christianisme : la « virtus », comme patrimoine humain. L’humanisme débarrasse les esprits des superstitions et approfondit le sens religieux comme « guide » vers le Bien. Ainsi se crée le sens historique de la vérité, fondé sur la recherche, l’intelligence individuelle, la culture. Ainsi Laurent , qui lance des recherches , met à jour des oeuvres qui orneront bibliothèques et palais, et fonde le premier cours public d’archéologie. Non que les siècles précédents eussent ignoré l’univers païen. Dante ne fut-il pas « disciple et juge du monde gréco-latin » ?
La Rome antique fascinait, mais en tant que précurseur du christianisme On cherchait dans les exemples du passé un sens allégorique de valeur chrétienne, et des germes chez Virgile, Cicéron ou Sénèque.
Avec les Communes et l’essor de la bourgeoisie, les mutations sociales avaient contraint l’homme à résoudre ses problèmes vitaux de façon plus réaliste.La religion a cessé d’être objet d’études théoriques , pour devenir le guide du quotidien . Le transcendantalisme aristotélicien de la Scholastique est remplacé par l’immanence platonicienne et la divinité est examinée en fonction de l’Homme.
Mais si le retour au classicisme n’est pas simple imitation de l’art et de la pensée païenne, la ferveur de l’étude des textes anciens porte ses fruits dans la spéculation philosophique, en tentant de concilier pensée païenne et religion chrétienne. L’Eglise elle-même n’est pas hostile au mouvement humaniste, car même des pontifes comme Enea Silvio Piccolomini, le pape Pie II, participent de cette mouvance. Et peu à peu l’épicurisme païen fait son entrée. Ainsi Lorenzo Valla dans le « De voluptate » (1433) défend ouvertement le plaisir naturel et proclame comme but suprême du christianisme le bonheur qui n’est que « le plaisir selon la nature ».

Ceci pour replacer dans son contexte philosophique et littéraire cette « canzone a ballo », qui reprend la tradition des chansons populaires grivoises, en y ajoutant l’élégance d’un prince raffiné et quelque peu mélancolique devant la fuite du temps. Laurent inventait chaque année un thème décoratif pour le cortège de chars : Salomon et la Reine de Saba, Nabuchodonosor, Paul-Emile, et ici Bacchus et Ariane. Laissons la parole à Giuseppe Carducci, cité par R.H.Durand : « Du côté de Santa Reparata s’avance lentement, en grande pompe, un triomphe.C’est un char conçu et orné par le peintre Granacci, il vient du palais Médicis : dessus, avec leurs emblèmes et symboles, Bacchus et Ariane, derrière, Silène sur son âne, des faunes, des Satyres, des Nymphes qui dansent, après eux Midas, malgré son or malheureux et triste. Tout autour, des jeunes gens vêtus à la grecque –c’est le Politien qui l’a suggéré- chantent en chœur accompagnés d’instruments…Le peuple accourt, les danseurs se mêlent à ceux du triomphe, les rumeurs joyeuses s’amplifient, on acclame et salue le Magnifique et Messer Agnolo da Pulciano qui se promènent dans la foule… » Est-il besoin d’autre commentaire ou de traduction ?

Aucun commentaire: