jeudi 10 décembre 2009

Giacomo LEOPARDI : IL SABATO DEL VILLAGGIO présenté par François SIMON

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Visto per A. Bertè


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IL SABATO DEL VILLAGGIO


La donzelletta vien dalla campagna,
In sul calar del sole,
Col suo fascio dell’erba ; e reca in mano
Un mazzolin di rose e di viole,
Onde, siccome suole,
Ornar ella si appresta
Dimani, al di’ di festa, il petto e il crine.
Siede con le vicine
Su la scala a filar la vecchierella,
Incontro là dove si perde il giorno ;
E novellando vien del suo buon tempo,
Quando ai di’ della festa ella si ornava,
Ed ancora sana e snella
Solea danzar la sera intra di quei
Ch’ebbe compagni dell’età più bella.
Già tutta l’aria imbruna,
Torna azzurro il sereno, e tornan l’ombre
Giù da’ colli e da’ tetti,
Al biancheggiar della recente luna.
Or la squilla dà segno
Della festa che viene ;
E a quel suon diresti
Che il cor si riconforta.
I fanciulli gridando
Su la piazzuola in frotta,
E qua e là saltando,
Fanno un lieto romore :
E intanto riede alla sua parca mensa,
Fischiando, il zappatore,
E seco pensa al di’ del suo riposo.

Poi quando intorno è spenta ogni altra face,
E tutto l’altro tace,
Odi il martel picchiare, odi la sega
Del legnaiuol, che veglia
Nella chiusa bottega alla lucerna,
E s’affretta, e s’adopra
Di fornir l’opra anzi il chiarir dell’alba.

Questo di sette à il più gradito giorno,
Pien di speme e di gioia :
Diman tristezza e noia
Recheran l’ore, ed al travaglio usato
Ciascun in suo pensier farà ritorno.

Garzoncello scherzoso,
Cotesta età fiorita
E’ come un giorno d’allegrezza pieno,
Giorno chiaro, sereno,
Che precorre alla festa di tua vita.
Godi, fanciullo moi ; stato soave,
Stagion lieta è cotesta.
Altro dirti non vo’ ; ma la tua festa
Ch’anco tardi a venir non ti sia grave.


Giacomo LEOPARDI
29 settembre 1829



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Revenu pour quelques mois dans son « sauvage bourg natal », Leopardi , tel un « passereau solitaire », chante son désespoir et sa jeunesse perdue. Peut-être du haut du Mont Thabor qui domine Recanati, son regard plane sur son village dont il connaît les moindres ruelles et la placette devant le château paternel. Est-ce le souvenir des fêtes votives de San Vito, traditionnellement célébré le 15 juin ? Ou plus généralement celui des jours fériés qui scandaient le dur labeur des paysans ?
Cette composition, parmi les plus célèbres des « Canti », n’a rien de rhétorique. Elle nous emmène dans une succession de tableautins simples et frais .
Le jour va s’achever. L’œil du poète se dirige vers le couchant où la silhouette d’une jeune fille (la donzelletta) laisse deviner qu’elle porte sur sa tête une botte d’herbes dont elle nourrira ses lapins. Mais elle a aussi cueilli des fleurs champêtres, « roses et violettes » dont elle se parera demain pour aller à la fête. Symboles de la beauté, de la jeunesse et de la modestie, ces fleurs ne sont pas de saison mais ont valeur générique. Elles marquent, par contraste avec le fourrage porté sur la tête, la transition entre le travail terminé et le repos à venir.
Face au soleil couchant, le regard de Giacomo saisit le groupe de vieilles femmes qui se chauffent aux derniers rayons tout en filant la quenouille. Il peut imaginer leurs commentaires à la vue de la jeune fille : elles aussi ont été jeunes, belles, en bonne santé , et elles aimaient danser avec les garçons de leur âge, « compagnons Point de nostalgie dans l’évocation de leur jeunesse. Plutôt le plaisir de partager virtuellement avec la « donzelletta » la joie de l’attente du lendemain, la fête promise.

Puis le poète, quand vient le crépuscule, ne distingue plus les villageois : la lumière déclinante modifie le paysage, le ciel ne rougeoie plus et retrouve un bleu profond, les ombres s’allongent sous la lune naissante.
Seuls se perçoivent les sons : la cloche de l’église dont le tintement apaise le cœur, les cris joyeux des enfants qui, tels une volée de moineaux, sautent et jouent en piaillant, et encore le paysan qui regagne sa « table frugale » en sifflant, et en pensant au repos du lendemain.

Enfin, dans l’obscurité et le silence qui enveloppent le village, Leopardi n’entend que le marteau et la scie du menuisier qui, dans sa boutique close, se hâte d’achever son ouvrage avant le lever du jour.

A ce point, Leopardi inflige un brutal coup d’arrêt à nos rêveries paisibles : des sept jours de la semaine, celui qui apporte le plus de joie et d’espoir est le samedi. Il précède un dimanche fait de tristesse et d’ennui. Les heures couleront sur des pensées moroses, et la désillusion nous fera préférer l’image du travail pénible qui recommencera demain. Leopardi a toujours considéré le travail , fût-il ingrat et pénible, comme un moyen pour soulager les malheurs de la vie. La nature a pourvu l’Homme de besoins auxquels il doit pourvoir par le travail manuel ou mental, ce qui lui épargne l’ennui. Quelque occupation que ce soit nous est préférable à cette « noia », cette vacuité de la vie qui n’est fractionnée que par les peines, les maladies, les intempéries, le labeur harassant.

En guise d’envoi, le Poète s’adresse au jeune enfant insouciant, comme ceux qui jouent sur la placette de Recanati. Il compare son jeune âge au samedi, qui précède le dimanche de sa vie, l’âge adulte. Il l’exhorte à profiter sans entraves de cette époque heureuse. Sans toutefois l’avertir des malheurs qu’il rencontrera quand il sera devenu adulte, il lui recommande seulement de ne pas être trop impatient d’atteindre la maturité.

Pour l’enfant, comme pour la jeune « donzelletta », pour le « zappatore » ou pour le « legnaiuolo », le bonheur est dans le futur. De même c’est dans l’évocation du passé que la « vecchierella » trouve une illusion de félicité. Mais pour tous la réalité d’un bonheur tangible au présent n’est qu’illusion. Pessimisme ? Non, car Leopardi envie la relative inconscience de ses contemporains, qui peuvent éprouver quelque plaisir à cette espérance ou à ce souvenir de moments de fête. Lui est bien trop conscient de la virtualité de ce bonheur, et il souffre de cette lucidité qui l’exclut de l’illusion même.


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